Fabrice Luchini
Écrit par Vanessa   
01-07-2008

Fabrice Luchini Ancien coiffeur devenu artiste des mots

 

» Enfance et débuts au cinéma

Né le 1er novembre 1951, Fabrice LUCHINI fait ses débuts au cinéma dans Tout peut arriver, de Philippe LABRO, en 1970. Mais c'est en 1990, avec La discrète, que sa rénommée et son talent éclatent. Il débute en fait au cinéma par hasard. Philippe LABRO le repère dans une boite de nuit."Lors d'un repérage pour mon film dans un drugstore d'Angoulème, j'ai remarqué un garçon un peu androgyne qui se déhanchait devant un juke-box. Un elfe drôle et éclectique, avec un sens inouï de la répartie. A l'époque, il était plus dans l'apparence que dans la substance, mais avec ce don inné de faire de vous, presque automatiquement, son spectateur." Dernier de trois garçons, fils d'un immigré italien vendeur de fruits et légumes, le petit Robert préfère la rue à l'école, la rue où il déclame ses premiers mots. A 13 ans, après le certificat d'études, sa mère le place chez un coiffeur des beaux quartiers parisiens. Il sera rebaptisé Fabrice, " pour gommer ses origines faubouriennes".

» Un autodidacte

Ses débuts au cinéma connaissent des hauts de bas. Il alterne rôles et petits boulots, livreur notamment. Il apprend aussi. N'ayant jamais fait d'études secondaires, il découvre Nietsche, Céline... " N'étant jamais entré dans le secondaire, j'ai tout rattrapé plus tard, grâce à une fiancée merveilleuse qui avait une copine guitariste. On approchait de 1968, Joan Baez et Bob Dylan étaient à la mode, on chantait dans les rues, je les suivais sous des lampadaires, c'était très poétique. Et comme cette fille était très branchée sur la psychanalyse, elle m'a tout donné : "Totem et Tabou", "Malaise dans la civilisation", "Introduction à la psychanalyse", mais aussi "Zarathoustra" et tous ses bouquins de lycée. Car je ne savais même pas ce qu'était une amibe...Je partais de zéro en lisant les livres de 6ème, de 5ème...J'avais ce besoin de tout rattraper, de tout dévorer. Je me livrais à ce plaisir lyrique dans la maison de campagne de mon amie, à Septeuil, sous les arbres, c'était divin. Mais je pensais que j'allais enfin pouvoir faire mon entrée dans les milieux mondains et culturels... "

 

» 1990, année de la révélation

Après ce 1er film, il enchaîne avec Le Genou de Claire, de Rohmer dont il deviendra l'acteur fétiche. Mais Fabrice LUCHINI n'est pas très sûr de lui. Un de ses amis le pousse à prendre des cours de théâtre, et c'est la révélation, sous la direction de J.L. COCHET. Le théâtre devient pour lui " le seul lieu où s'exprimait la vie, la nourriture de la vie, ce qu'aucune école n'enseignera jamais ". Et en 1990, grâce au succès de La Discrète, où il joue le rôle d un personnage "immonde ", sa carrière décolle. Il alterne alors les films d'auteurs et les grosses productions, de Riens du Tout de C. KLAPISCH à Beaumarchais l'insolent, de Molinaro, en passant par les films de LELOUCH et BONITZER. Sa vocation éclate. Et pourtant, " je ne peux vraiment pas parler de vocation. Honnêtement, quand j'ai fait mes deux premiers films, je ne savais même pas ce que ça voulait dire. La vocation, l'appel pour le métier d'acteur, ce n'était pas dans les données de mon milieu familial. Je n'avais ni ce chic ni ce luxe. Mon vrai plaisir est de faire rire. Ou d'inquiéter aussi quand je joue Voyage au bout de la nuit. Là, je ne fais rire que quand le texte le demande. Je hais les rajouts. Je ne crois pas qu'on puisse tout faire, je me méfie du contre-emploi. En chacun, il y a une partie féminine et une partie masculine, une partie ambigüe, sexualisée, inquiète, enfantine et mûre à la fois. Il n'y a pas d'acteur type. Quand je joue au théâtre, je fais un travail énorme sur le silence."

 

» L'artiste des mots

Fabrice Luchini Fabrice LUCHINI a besoin du théâtre, pour se dépasser, aller plus loin, et pouvoir ainsi composer de vrais rôles au cinéma. Il est avant tout un homme de théâtre. " Il n'y a qu'un endroit où tu peux travailler, c'est la scène". Preuve en est le succès de son spectacle en 1999 où il déclame les vers et proses de La Fontaine, Baudelaire, Céline, Nietzsche, devant un public hypnothisé par le talent de l'artiste qui fait revivre ces écrivains. Pour conclure, il aime à citer Michel BOUQUET : " N'oublie pas que les spectateurs ne viennent pas pour te regarder jouer. Le public vient pour jouer avec toi"... et "Un spectacle est réussi quand le public sort renseigné sur lui-même". Un dernier mot: la beauté d'un texte le rend heureux.

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Dernière mise à jour : ( 01-07-2008 )